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Découverte : l’agromine fait du métal avec les plantes

Permettant de produire des métaux à partir de plantes, cette phytotechnologie pourrait être exploitée grandeur nature pour l’extraction du Nickel et serait une alternative aux gisements miniers actuels qui détruisent et polluent les sols.

Tous les végétaux puisent dans les sols, les sels minéraux dont ils ont besoin mais certaines plantes dites hyperaccumulatrices ont la particularité de stocker des quantités importantes de métaux (aluminium, cadmium, cobalt, manganèse, nickel, zinc) qui constituent au même titre que l’azote, le phosphore ou le potassium, des éléments minéraux essentiels pour leur développement. 

La phytoextraction pour remplacer les gisements miniers 

Si les propriétés des plantes hyperaccumulatrices sont connues depuis près de 30 ans, la manière dont elles peuvent être exploitées pose encore des interrogations. L’agromine fait actuellement l’objet de plusieurs programmes de recherche en Europe et récemment une équipe de scientifiques a démontré la faisabilité d’une technique d’extraction du Nickel par ces plantes

Après l’avoir puisé dans le sol par leurs racines, les plantes accumulent le métal dans les parties aériennes (feuilles, tiges, fleurs) à de fortes concentrations. Les plantes sont ensuite broyées, les constituants sont séparés et purifiés pour obtenir une matière première réutilisable dans l’industrie métallurgique. Et la quantité de métal produit de cette manière est loin d’être négligeable. Quand un minerai extrait d’un gisement contient en moyenne 1% de Nickel, la plante hyperaccumulatrices appelée Alyssum murale renferme environ 3% de son poids en Nickel. Ces plantes ont de surcroît la faculté de pousser facilement, dans des environnements arides et des terres pauvres.

Utilisé dans la fabrication de nombreux matériaux, le Nickel est un métal rare et coûteux à produire. Les gisements, tels qu’ils sont exploités actuellement, polluent les sols, contaminent les nappes d’eau souterraines et détruisent de manière quasi irréversible les écosystèmes qui ont mis des milliers d’années à se former. L’agromine représente donc un enjeu environnemental important pour utiliser à bon escient les ressources en métal encore présentes dans les sols tout en préservant la planète.

Dépollution et réhabilitation des sols

En prélevant naturellement les métaux contenus dans les sols, les végétaux agissent également comme des plantes dépolluantes. Elles pourraient ainsi devenir un moyen de réaliser des opérations de dépollution des sols à grande échelle dans des zones de friches industrielles ou dans d’anciens terrains miniers dévastés. Pour éviter à long terme toute contamination des nappes d’eau profondes, des sols superficiels et empêcher ainsi le transfert de polluants dans la chaîne alimentaire (par l’eau, les herbivores et la microfaune), les teneurs en métaux lourds des sols doivent être maintenues à des taux acceptables. Ce n’est qu’après cette dépollution que ces sols peuvent alors être réinvestis et réhabilités en espaces verts ou urbanisés.

Valorisation de la biomasse

La biomasse issue des végétaux pourrait être utilisée en énergie produite par la combustion ou recycler en métaux pour l’industrie. Dans cette perspective, les recherches se poursuivent et les plantes hyperaccumulatrices semblent être promises à un avenir prometteur. À ce jour, 1 000 espèces potentiellement utilisables en agromine ont été dénombrées. 


Cet article a été rédigé par Emilie Vourch le 21/10/2016

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